Il n'a pas bonne réputation le golf de Gascogne. Le vent et la houle ont souvent déposé des cargos en difficulté sur les grandes plages landaises.
Sud-ouest de ce matin fait un historique de ces nombreuses "infortunes" de mer.
Eté 1977: Nous étions en vacances à Seignosse le spectacle de l'été consistait à suivre le déséchouage du Ruben un petit cargo échoué depuis l'hiver 76.
Photo personnelle �
�Un mètre, deux mètres, quatre mètres, puis dix. L'événement que l'on n'attendait plus se produit enfin : le "Ruben" s'en va. » Le 1er août 1977, le cargo panaméen, échoué depuis presque sept mois sur la plage du Penon à Seignosse, prend le large. Votre quotidien titrait le 2 août : « Dans l'enthousiasme général, le "Ruben" a enfin quitté sa prison de sable. » Car si la foule, le 1er août, pousse des « cris de joie » et applaudit le départ du cargo, c'est que l'opération n'était pas bien partie, et a été précédée de plusieurs échecs.
Le 4 décembre 1976, une grosse tempête a lieu dans le golfe de Gascogne, avec des vents à 150 kilomètres/heure et des creux de 14 mètres. Le « Ruben », cargo de 72 mètres de long, 1 384 tonneaux et âgé de 26 ans, a une panne de moteur. Immatriculé au Panama, il est dirigé par le commandant Halmé, un Finlandais de 72 ans. L'équipage, tout comme le propriétaire, est libanais. Le bateau vient de Bayonne et chemine vers Dunkerque, pour charger du sucre. Dans la tempête, les amarres du cargo cèdent vers 22 heures, et il se met à dériver au large de Capbreton. À 23 heures, le « Ruben »échoue sur la plage du Penon à Seignosse. L'équipage ne pourra être secouru que le lendemain matin, par deux hélicoptères.
« Cargo à vendre »
À partir de ce moment, le cargo essaiera plusieurs fois de reprendre la mer, sans succès. Les 23 et 24 janvier, au bout d'une manœeuvre de deux jours à l'instigation de l'armateur, le « Ruben » reste sur la plage. Le 18 mars, une annonce paraît dans « Sud Ouest » : « Cargo à vendre sur la plage de Seignosse. » Se présente alors M. Voisin, un entrepreneur en travaux maritimes vendéen. Il a comme atout de disposer de machines adaptées.
Le 25 mai, une dragueuse creuse un bassin pour le cargo, en rejetant le sable qui l'entoure. Le 1er juillet, une nouvelle opération est tentée. Le « Ruben » flotte presque dans le bassin. Le 2 juillet, il pivote et place sa proue face au large. Mais M. Voisin n'a pas pu obtenir de remorqueur et, après 100 mètres, le cargo s'échoue de nouveau.
Le 30 juillet, les espoirs sont de nouveau permis quand on lit le titre de « Sud Ouest » : « Ultime épisode (?) du roman du "Ruben". » L'entrepreneur a fait venir un remorqueur espagnol, et des bulldozers vont tirer le cargo vers le large. La réussite de l'opération est prévue, si tout se passe bien, pour 18 heures. Finalement, après avoir distrait les Seignossais pendant la moitié de l'année, le bateau partira le 1er août vers Bayonne. « M. Voisin a donc gagné son pari impossible. Contre l'opinion publique, contre l'océan », écrit « Sud Ouest ».
J'ai toujours pensé que ce Mr.Voisin avait fait durer le plaisir pour attirer les touristes.
En attendant, je suis attentivement l'aventure du "Modern Express" appareil en bandoulière...
Je dois dire que sur cette plage du Penon, en cet été 77, il n'y avait pas que le Ruben pour assurer le spectacle et celui-ci ne devait rien à M.Voisin...